Payer plus certains de ses cadres pour conduire en cas de grève métros et RER… voilà ce que pourrait mettre en place la RATP qui envisage d’attribuer une prime de 100 euros par mois – 1 200 euros par an – à certains de ses cadres et agents de maîtrise qui accepteraient de se former à la conduite des RER et des métros. Selon la régie, cette formation – encore en projet – a pour but «d’officialiser une pratique utile à la cohésion sociale et à la bonne compréhension des règles complexes de l’exploitation ferroviaire». Seulement certains syndicats y voient au contraire un moyen déguisé de récompenser les cadres qui rouleront les jours de grève… à la place des conducteurs grévistes. Jean-Christophe Delprat, délégué SUD, explique que «la création de la prime est inscrite dans un document intitulé «Contribution au plan de prévisibilité». Un plan qui n’est mis en œuvre qu’en cas de grève». Il s’agit pour lui d’utiliser ces cadres pour casser la grève. Et d’affirmer au Figaro.fr que «84 cadres, sur les 150 volontaires espérés par la direction, sont actuellement en formation». Sur France Info, Henry Michel, avocat spécialiste du droit social, rappelait que payer des conducteurs non grévistes pour remplacer des grévistes est illégal. «La licéité du procédé est sérieusement douteuse», explique-t-il, se référant à un arrêt de la cour de Cassation du 1er juin 2010 qui pose le principe qu’«est discriminatoire l’attribution d’une prime à des salariés selon qu’ils ont participé ou non participé à un mouvement de grève». Le débat est ouvert et «sera vif», prévient-il.
