La SNCF plaide pour que la place de RFF soit revue

La SNCF demande une remise à plat du système ferroviaire, avec une gestion unifiée de l’infrastructure aujourd’hui éclatée entre elle et le gestionnaire du réseau.

Attention, chantier majeur. Depuis une semaine, tout ce qui compte dans le secteur du rail en France se réunit aux assises du ferroviaire, avec l’objectif de formuler début 2012 des pistes de réformes pour un système à bout de souffle. La SNCF a d’ores et déjà ciblé une question sensible : pour la compagnie ferroviaire, il faut revoir d’urgence le rôle et le périmètre de RFF (Réseau Ferré de France). « L’organisation actuelle, née de la réforme menée en 1997, n’a pas d’avenir », a martelé Guillaume Pepy, mercredi lors d’un séminaire réservé à la presse, ajoutant que « Hubert du Mesnil, le président de RFF, est d’accord ».

Depuis presque quinze ans, le système ferroviaire français vit sur un fonctionnement quelque peu schizophrénique. RFF est le gestionnaire officiel du réseau français. Mais quand il faut mener les travaux de maintenance ou gérer les circulations, RFF se retourne vers… la SNCF, que la loi a consacrée « gestionnaire délégué ». « En France, le réseau a deux patrons, un qui dit et un qui fait. Ce n’est pas possible, il faut revenir à une unité de l’infrastructure », estime Guillaume Pepy.

Officiellement, la SNCF n’est partisane d’aucune solution en particulier pour réformer le système, même si elle refuse de revenir à la « situation d’avant 1997 ». Mais on devine déjà qu’elle préférerait ramener RFF d’une façon ou d’une autre dans son giron. Deux propositions sont ainsi faites. Il y a d’abord le modèle britannique, où l’exploitation et la gestion des infrastructures sont complètement dissociées. « Ce modèle a le mérite de la simplicité. Mais cette désintégration totale coûte cher. Surtout, l’absence d’un acteur pivot sachant maîtriser le système a abouti à ce qu’il n’y ait plus du tout d’industrie ferroviaire britannique », avance David Azéma, le directeur général en charge de la stratégie et des finances de la SNCF. Reste le modèle allemand, où le gestionnaire du réseau est intégré au sein du holding de la Deutsche Bahn (DB). Certes, il est critiquable, car « la DB ne devrait pas avoir le droit de fixer les péages comme elle le fait actuellement ». Mais « ce système fonctionne beaucoup mieux que le nôtre » et coûte moins cher que le britannique, selon David Azéma. Cherchez la préférence…

Enorme dette

Ce bouleversement de la gouvernance pourrait toutefois buter sur un gros caillou : l’endettement de RFF, proche de 30 milliards d’euros. En 1997, RFF avait été conçu comme une structure de défaisance pour cacher l’énorme dette du système ferroviaire. Un mécanisme imaginé à l’époque par… David Azéma, alors membre de la direction stratégie de la SNCF et qui estime que son idée a depuis été dévoyée. La compagnie ferroviaire n’a sans doute pas envie de voir revenir le mistigri. D’autant que Guillaume Pepy s’est donné pour objectif, outre une croissance de 23 % des revenus, d’ici à 2016, de diminuer l’endettement de la SNCF de 25 % à cet horizon, alors qu’il tangentait les 10 milliards fin 2010.

Renaud Honoré

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