Le fiasco du tapis roulant

Ce devait être un bijou technologique qui devait révolutionner la vie des usagers. Sept ans après son installation, en juillet 2002, le trottoir rapide de la station Montparnasse a viré au fiasco. La RATP vient d’annoncer qu’elle allait démonter ce tapis roulant de 180 m, qui relie les lignes 4 et 12 du métro aux lignes 6 et 13 et à la gare SNCF.
Ce trottoir high-tech, qui a coûté la bagatelle de 4,5 millions (financés à 50 % par la RATP, 25 % par la région et 25 % par le Syndicat des transports d’Ile-de-France), va être remplacé par un tapis classique.

La raison de cette gabegie ? Des chutes de voyageurs à répétition sur ce tapis qui peut atteindre la vitesse de 3 m par seconde (près de 11 km/h) contre 0,8 m par seconde pour les trottoirs classiques. Ce que la RATP appelle, en termes diplomatiques, « de nombreuses réclamations de la clientèle relatives à la sécurité et au manque de fiabilité »… La RATP, comme le constructeur du tapis rapide, le groupe Cnim (Constructions industrielles de la Méditerranée), soulignent pourtant que des tests avaient été effectués avant l’installation du trottoir à Montparnasse.

Mais le contact avec la réalité a été brutal. Il a fallu embaucher des hôtesses pour aider les usagers… Des écrans plasma ont ensuite été disposés pour expliquer le mode d’emploi. Et la vitesse du tapis a été réduite de 11 à 9 km/h. Mais toutes ces précautions n’ont pas suffi. « Le trottoir rapide marche parfaitement… pour les gens de 15 à 60 ans, en bonne santé, sans bagages et avec des chaussures plates », ironise un salarié de la RATP. « Il fut un temps même où un cheminot a été affecté à la rédaction de rapports d’accident », raconte Cédric Ménival, syndicaliste SUD.

La régie a donc dû se rendre à l’évidence et mettre son tapis roulant au tapis. Le prototype sera remplacé par un trottoir à vitesse normale dès que possible… Soit en mars 2011. « Nous avons dû attendre que notre contrat avec le groupe Cnim arrive à échéance, argue-t-on à la RATP. Maintenant nous devrons choisir l’entreprise qui fabriquera le nouveau tapis… » En attendant, les voyageurs devront se contenter des tapis à vitesse réduite.

« De toute façon, il était toujours en panne, s’amuse Marie-Christine, une utilisatrice de 56 ans. Je ne l’ai pris qu’une fois et j’ai eu peur. Pour moi, c’était un gadget inutile. » « La RATP ferait mieux de dépenser son argent pour des choses plus urgentes, comme acheter des RER à deux rames », soupire Thaïs, 19 ans.

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