Ligne Paris-Chartres-Nogent : dégradation et RERisation du service (lettre ouverte)

Mesdames et Messieurs, Mesdames et Messieurs les élus, Monsieur et Madame les députés,
Voici le message d’un citoyen désespéré d’Eure-et-Loir (Epernon), travaillant dans les Yvelines, et qui risque de bientôt quitter le département du fait du service de plus en en plus dégradé sur la ligne Paris – Chartres – Nogent. De multiples pannes ces derniers jours et dernières semaines.
Le temps de trajet s’allonge au fil des années, malgré l’ouverture de la ligne TGV et les progrès techniques. Les incidents se multiplient au point que les statistiques de septembre et d’octobre sont parmi les pires depuis 7 ans, et sont inférieures à celles de 2009 où l’on avait du matériel roulant de moins bonne qualité. La gestion des incidents n’est pas à la hauteur (les usagers qui font des correspondances à Rambouillet ou Versailles semblent oubliés, et aucun arrêt exceptionnel ne se fait à La Verrière ou St Quentin en Yvelines pour éviter de rater des correspondances avec le RER C, ou la ligne de la Défense, quand il y a un incident à Montparnasse).
Le choix d’un matériel Regio 2N a été fait en dehors de toute concertation avec les usagers, et choisi en aménagement urbain, ce qui est très inconfortable, d’autant que ces trains roulent parfois jusqu’au Mans. La 4G est encore plus difficile à capter que dans les trains TER 2N NG, ces trains n’ont pas de tablette ni de range-bagages au-dessus des sièges, les barres des plates-formes incommodent les entrées / sorties, et le pire de tout est le siège dur (sans doute anti-lacération) qui provoque inconfort voir mal de dos (d’autant que le dossier trop plat ne maintient pas le dos en cas de roulis du train). On ne sait pas ce qui remplacera les rames Corail vieillissantes.
De l’autre, je vois que la Région Centre veut maintenir l’option d’un TGV dans la Région alors que rien n’est fait pour accélérer nos déplacements quotidiens, que ce TGV va être très coûteux, et que de l’autre une chasse à la fraude pour récupérer quelques milliers d’euros (fraude surévaluée par la SNCF qui dit que 2/3 contrôleurs vérifient 1000 passagers, alors que des brigades de minimum 6 contrôleurs vérifient côté Région Centre en moyenne 500 passagers), chasse qui fait que même un usager ayant payé son billet ou son abonnement risque une amende du fait de multiples tolérances qui n’existent plus (jonction zone Ile-de-France / Région Centre).
Les associations d’usagers se mobilisent depuis des années sans que rien n’avance, avec le sentiment d’un dialogue de sourd tant avec la direction de la SNCF, qu’avec les responsables régionaux. Jamais d’autocritique, de volonté de construire ensemble, toujours l’affirmation que l’on fait le maximum et que l’on fait les meilleurs choix possibles. 3 associations créés successivement sur la ligne. Mais, faute de perspectives et avec les difficultés de se mettre d’accord entre usagers, et malgré le soutien de quelques élus locaux, 3 abandons. Le président de l’ADULPCM, association dissoute en 2013, avait notamment eu la patience et le dévouement nécessaires pour de nombreuses réunions avec la SNCF, RFF et la Région, mais rien n’en est sorti. Une nouvelle association avait vu le jour mais on entends plus parler.
D’autre part, la volonté d’installer des tourniquets, tout en avançant des chiffres faux, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Si l’on doit payer pour un service de type RER, avec une carte magnétique et des portiques (qui vont nous compliquer la vie : plus d’engorgement dans les gares), le vrai changement serait alors d’inclure les lignes Paris – Chartres et Paris – Dreux dans la zone tarifaire Ile de France (rattachement au Stif).
Derrière cette volonté d’installer des tourniquets, en minimisant le nombre de contrôleurs existants, je suspecte aussi la volonté de diminuer toujours plus la présence humaine et donc la sécurité à bord pour les usagers (les caméras ne font pas tout). Il n’y aura pas d’économies sur « la fraude », puisqu’avec la dégradation du service nous sommes à bout, et pour éviter la rébellion, et un refus massif de se faire contrôler, vous n’aurez d’autres choix que d’épauler vos « 2/3 contrôleurs » (je cite Yvon Borry) par une brigade de forces de l’ordre dont on aurait pourtant besoin ailleurs.
Enfin, aucune simplification n’est faite : pour les abonnements de travail, toujours des formulaires papier-carbone à remplir tous les ans, à tamponner par son employeur (qu’il faut envoyer à son entreprise par La Poste si on est en mission hors du siège), puis à tamponner à la gare (et maintenant à saisir par l’employé du guichet SNCF dans le jv-« malin »). Combien de temps, d’énergie, et de coûts seraient sauvés en faisant un abonnement unique pour tous de type Navigo ?
Sans réaction forte, et sans langue de bois, du département, des villes de Chartres, Epernon, Maintenon, et de la Région Centre, ma volonté de départ du département d’Eure-et-Loir sera inchangée.
Malgré mon exaspération, mon usure, et ma colère, veuillez agréer mes salutations respectueuses,
Mael Monnier

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