Il y a quelques jours, Le Parisien faisait état dans ses colonnes de « petits arrangements entre la direction et plusieurs syndicats » afin, dixit une autre organisation syndicale, « d'apaiser les tensions sociales dans le secteur de la gare Saint-Lazare ». Souvenez-vous. En février 2013, « Le Point » publiait une vidéo tournée en caméra cachée dans un poste d’aiguillage, dans laquelle apparaissaient des cheminots supposés consommer de l’alcool sur leur lieu de travail. Un film ressorti opportunément des cartons lors de la grève de juin 2014, pour jeter l’opprobre sur l’ensemble de la profession.
L’objet de ce post n’est pas de traiter la question de la consommation d’alcool par les cheminots, a fortiori sur leur lieu de travail. Les cheminots ne sont sans doute pas plus alcoolisés que les salariés des autres entreprises. La SNCF a toujours été particulièrement vigilante sur la question, multipliant groupes de travail, aides en tout genre, information… et sanction lorsque les règles ont été transgressées. C’est justement ce dernier point que s’affrontent certaines organisations syndicales. Les unes considérant les sanctions infligées aux agents pris le verre à la main démesurées, au point d’appeler leurs collègue à une grève de soutien, et une autre qui dénonce un arrangement « entre-amis ».
Sans revenir sur le fond de cette affaire, il est intéressant d’en examiner la forme. En révélant sur la place publique ce qui relèverait d’une collusion contre nature, le syndicat concerné attaque frontalement d’autres organisations syndicales. Il met aussi en porte-à-faux la direction de la SNCF, accusée indirectement de pactiser avec le diable pour retrouver la paix sociale. Selon d’autres sources, l’un des puissants syndicats incriminés serait mis en cause dans une affaire semblable. Il s’agirait une nouvelle fois d’obtenir l’assouplissement des sanctions, en contrepartie de l'arrêt d'une grève. En cause, cette fois, des agents à qui l'on reproche d’avoir malmené l’encadrement lors de l’interminable conflit qui a paralysé la ligne Paris-Beauvais.
(suite) Les négociations de couloir ont toujours existé. Et pas qu’à la SNCF. C’est d’ailleurs dans les couloirs, et non dans les réunions officielles, que sont véritablement abordés les enjeux. C’est l’endroit où se déroulent les véritables négociations depuis que le monde est monde et ce n’est pas prêt de changer. Le problème, c’est lorsque l’opacité conduit à dévoyer les enjeux. C'est notamment le cas lorsqu’une organisation syndicale appelle à la mobilisation autour d’une revendication et négocie sur des thèmes différents. Ainsi, le rapport de force instauré par des cheminots qui, en toute bonne foi, se mobilisent pour défendre la présence humaine dans les trains et dans les gares peut servir d’autres causes "à l'insu de leur plein gré"… comme allègement de sanctions. Et c’est ainsi qu'une grève pourrait arriver à terme en l’absence de la moindre avancée sur le sujet qui lui a donné naissance. Figureraient ainsi au premier rang des « cocus » les agents qui se sont investis dans le conflit, et au second les organisations membres de l’intersyndicale, abandonnées à elle-même après que l’une d’entre-elles ait négocié pour sa paroisse.
Les « petits arrangements entre amis » ne sont pas récents à la SNCF. L’Entreprise en a connus en nombre, durant les dix années de co-gestion sous l’ère Gallois. Un type de fonctionnement que n’a pas reconduit, à l’échelon national, son successeur à la tête de l’entreprise. Mais à l’époque, dénoncer cette co-gestion, c’était comme pisser dans un violon. Même preuves irréfutables à l’appui, cela n’intéressait ni les journalistes… ni d’ailleurs une majorité de cheminots qui, comme un seul homme, renouvelaient leur confiance d’élections professionnelles et élections professionnelles à ceux qui les avaient trahis. Le traitement médiatique de l’affaire mettant en cause les agents d’un poste d’aiguillage démontre une réelle évolution des mentalités journalistiques, même si elle se cantonne pour l’instant à quelques publications. Il est indispensable que les parties prenantes d’une action disposent d’un maximum d’informations. A charge, pour elles, de faire le tri entre les sources pour agir en toute connaissance de cause. A la SNCF, la transparence, c'est possible ?
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Il y a quelques jours, Le Parisien faisait état dans ses colonnes de « petits arrangements entre la direction et plusieurs syndicats » afin, dixit une autre organisation syndicale, « d'apaiser les tensions sociales dans le secteur de la gare Saint-Lazare ». Souvenez-vous. En février 2013, « Le Point » publiait une vidéo tournée en caméra cachée dans un poste d’aiguillage, dans laquelle apparaissaient des cheminots supposés consommer de l’alcool sur leur lieu de travail. Un film ressorti opportunément des cartons lors de la grève de juin 2014, pour jeter l’opprobre sur l’ensemble de la profession.
L’objet de ce post n’est pas de traiter la question de la consommation d’alcool par les cheminots, a fortiori sur leur lieu de travail. Les cheminots ne sont sans doute pas plus alcoolisés que les salariés des autres entreprises. La SNCF a toujours été particulièrement vigilante sur la question, multipliant groupes de travail, aides en tout genre, information… et sanction lorsque les règles ont été transgressées. C’est justement ce dernier point que s’affrontent certaines organisations syndicales. Les unes considérant les sanctions infligées aux agents pris le verre à la main démesurées, au point d’appeler leurs collègue à une grève de soutien, et une autre qui dénonce un arrangement « entre-amis ».
Sans revenir sur le fond de cette affaire, il est intéressant d’en examiner la forme. En révélant sur la place publique ce qui relèverait d’une collusion contre nature, le syndicat concerné attaque frontalement d’autres organisations syndicales. Il met aussi en porte-à-faux la direction de la SNCF, accusée indirectement de pactiser avec le diable pour retrouver la paix sociale. Selon d’autres sources, l’un des puissants syndicats incriminés serait mis en cause dans une affaire semblable. Il s’agirait une nouvelle fois d’obtenir l’assouplissement des sanctions, en contrepartie de l'arrêt d'une grève. En cause, cette fois, des agents à qui l'on reproche d’avoir malmené l’encadrement lors de l’interminable conflit qui a paralysé la ligne Paris-Beauvais.
(suite)
Les négociations de couloir ont toujours existé. Et pas qu’à la SNCF. C’est d’ailleurs dans les couloirs, et non dans les réunions officielles, que sont véritablement abordés les enjeux. C’est l’endroit où se déroulent les véritables négociations depuis que le monde est monde et ce n’est pas prêt de changer. Le problème, c’est lorsque l’opacité conduit à dévoyer les enjeux. C'est notamment le cas lorsqu’une organisation syndicale appelle à la mobilisation autour d’une revendication et négocie sur des thèmes différents. Ainsi, le rapport de force instauré par des cheminots qui, en toute bonne foi, se mobilisent pour défendre la présence humaine dans les trains et dans les gares peut servir d’autres causes "à l'insu de leur plein gré"… comme allègement de sanctions. Et c’est ainsi qu'une grève pourrait arriver à terme en l’absence de la moindre avancée sur le sujet qui lui a donné naissance. Figureraient ainsi au premier rang des « cocus » les agents qui se sont investis dans le conflit, et au second les organisations membres de l’intersyndicale, abandonnées à elle-même après que l’une d’entre-elles ait négocié pour sa paroisse.
Les « petits arrangements entre amis » ne sont pas récents à la SNCF. L’Entreprise en a connus en nombre, durant les dix années de co-gestion sous l’ère Gallois. Un type de fonctionnement que n’a pas reconduit, à l’échelon national, son successeur à la tête de l’entreprise. Mais à l’époque, dénoncer cette co-gestion, c’était comme pisser dans un violon. Même preuves irréfutables à l’appui, cela n’intéressait ni les journalistes… ni d’ailleurs une majorité de cheminots qui, comme un seul homme, renouvelaient leur confiance d’élections professionnelles et élections professionnelles à ceux qui les avaient trahis. Le traitement médiatique de l’affaire mettant en cause les agents d’un poste d’aiguillage démontre une réelle évolution des mentalités journalistiques, même si elle se cantonne pour l’instant à quelques publications. Il est indispensable que les parties prenantes d’une action disposent d’un maximum d’informations. A charge, pour elles, de faire le tri entre les sources pour agir en toute connaissance de cause.
A la SNCF, la transparence, c'est possible ?