Travailler à une heure et demie de Paris

Voici un article étonnant qui nous prend à contre pied.
La quasi totalité des lecteurs de ce blog vit en dehors de Paris et emprunte la ligne Paris-Chartres pour aller travailler à Paris ou en proche banlieue.
Mais il existe aussi des parisiens qui prennent le train tous les matins pour aller travailler dans les villes de province.

Pour Jean-Claude Boulard, le maire du Mans, c’est l’argument le plus efficace pour persuader les Parisiens d’aller travailler dans sa ville: «J’ai fait le test du café croissant. À Paris, l’addition est deux fois plus élevée qu’au Mans. Et tout est comme ça !» Comme d’autres agglomérations, situées à une distance que l’on met entre une heure et une heure et demie à couvrir de Paris en TGV, la cité sarthoise soigne sa « com ». Car elle peut maintenant compter sur un énorme réservoir de compétences : des salariés de la région parisienne décidés à aller prêter main-forte à ses entreprises locales.

De plus en plus de Franciliens sont en effet tentés par un meilleur cadre de vie, un coût de l’immobilier moins lourd ou des temps de transport plus courts. Il ne s’agit pas de devenir « navetteurs », ces salariés nomades qui font chaque jour le trajet entre Paris, leur lieu de travail, et des villes comme Chartres, Vendôme, Orléans ou Tours où ils habitent. Mais bel et bien de trouver un emploi et de rester durablement dans ces cités que le TGV a rapprochées de la capitale.
Selon l’Insee, environ 200 000 salariés quittent chaque année l’Ile-de-France pour aller travailler en province, en majorité pour profiter d’une opportunité professionnelle. Pour attirer ces cadres, techniciens et agents de maîtrise sur le départ, les grandes villes proches de la capitale sont les mieux placées. Certes, impossible pour elles de promettre un climat aussi ensoleillé que la Provence. Mais se trouver à une heure de Saint-Germain-des-Prés, comme c’est le cas du Mans, est un atout non négligeable pour ceux qui veulent continuer à profiter de l’offre culturelle parisienne. Pas mal aussi pour ceux qui ne souhaitent pas lâcher la vie à Paris. Chaque matin, de 400 à 500 Parisiens vont travailler au Mans avant de reprendre le TGV dans la soirée.

Toutes les villes mettent évidemment l’argument du coût de la vie sur la table. Loyers, acquisitions immobilières, transports, loisirs… tout est moins cher à une heure de la gare Montparnasse. Certes, les salaires y sont généralement inférieurs de 15 % à 20 %, mais cette perte de revenus serait largement compensée par des logements bien meilleur marché. On peut trouver au Mans une maison de 100 m² avec un grand jardin pour environ 800 euros par mois. Le prix d’un deux-pièces dans le centre de Paris.

Au Mans, même si l’automobile reste l’un des poumons de la ville (6 000 emplois directs chez Renault, Glaenzer ou le japonais NTN, entre autres), on met en avant l’essor des activités de services (banque, assurance, informatique…), qui ont besoin de cadres, d’ingénieurs et de techniciens.

Pour les accueillir, pas de problème, un nouveau quartier autour de la gare a été construit à la place d’anciennes friches ferroviaires et industrielles. En dix ans, près de 100 000 m² de bureaux sont sortis de terre. Tous ces locaux ont rapidement fait le plein. Les entreprises ont été vite convaincues : elles ne sont qu’à une heure trente de Roissy et payent des loyers très inférieurs à ceux des quartiers d’affaires parisiens. Le site a encore du potentiel. Des entreprises comme MMA, NXP ou le Crédit agricole ont déjà réservé de futurs bureaux dans ce quartier où l’on devrait construire encore 10 000m2 par an pendant au moins quatre ou cinq ans.

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