Vers la fin des lignes régionales

Alors que le trafic des transports urbains explose, un rapport préconise une hausse des tarifs pour financer le développement des infrastructures.

Les transports publics en France sont «à bout de souffle». Dans un rapport publié ce mardi, l’Institut Montaigne tire la sonnette d’alarme sur le risque de dégradation des infrastructures et des services, tant ferroviaires que routiers. «Les administrations publiques, que ce soit l’État ou les collectivités territoriales, financent à plus de 70% les réseaux de transports collectifs», explique au figaro.fr François Goulard, président du conseil général du Morbihan et ancien secrétaire d’État aux Transports, qui a coordonné ce rapport. Les régions consacrent ainsi près de 4 milliards d’euros par an aux transports urbains. «Dans le contexte budgétaire actuel, les finances publiques ne pourront pas assumer le développement nécessaire d’un réseau largement saturé dans plusieurs régions.»
Rien qu’en Ile-de-France, par exemple, le trafic ferroviaire a augmenté de 25 % entre 2000 et 2010, alors que l’offre commerciale ne s’est étoffée que de 7 %. Et la SNCF prévoit une explosion de 60% du nombre de voyages d’ici à 2030 (de 2,8 millions par jour à 4,5 millions). «Cette demande va nécessiter de lourds investissements de capacité pour lesquels il est urgent de trouver d’autres sources de financements», souligne François Goulard. Cet effort pourra difficilement être demandé aux entreprises qui ont déjà subi l’augmentation régulière du Versement transport (VT), un prélèvement qui aide à financer les transports utilisés par les salariés pour rejoindre leur lieu de travail. Cet impôt a rapporté 6,1 milliards d’euros en 2010, dont la moitié pour la seule région Ile-de-France. Laurence Parisot, la présidente du Medef, s’est dite «scandalisée» ce mardi par la hausse de ce prélèvement.

Baisse des tarifs depuis 20 ans

D’où l’idée de faire contribuer davantage les usagers. «Les coûts de fonctionnement des transports publics sont couverts à moins de 30% en moyenne par les consommateurs», relève François Goulard. Une contribution qui varie du simple au double selon les villes: ce taux gravite autour des 12% à Toulouse, mais atteint 26% à Lille, 32% à Strasbourg et 50% à Marseille. Les Parisiens, quant à eux, participent à hauteur de 30% aux coûts de leurs transports. L’ancien secrétaire d’État affirme ne pas plaider pour «un financement total des transports urbains par une hausse des prix du billet», suivant le modèle de l’aérien ou des autoroutes concédées. Il juge toutefois «anormal que les Français contribuent si peu», par rapport à ce qui se pratique à l’international. A Londres, les recettes des billets pèsent pour 52% des coûts des transports, contre 35% à Bruxelles ou 41% à Madrid.
«En France, les tarifs des transports publics ont suivi une tendance baissière au cours des vingt dernières années», ajoute François Goulard. Selon le rapport, ils ont reculé de 2% entre 1999 et 2011. A titre de comparaison, les tarifs de l’électricité et du gaz ont flambé de 61%, les services postaux de 34%, et les cantines scolaires de 26% sur cette période. «Toute hausse des titres de transports devra rester raisonnable», admet l’élu. Selon lui, toutefois, le risque de voir les Français se replier sur leur voiture est limité. «Les trains et les bus resteront toujours moins chers.» Toujours est-il que le rapport préconise d’autres pistes pour soulager les comptes publics. Les automobilistes pourraient également être mis à contribution, tandis qu’une part des plus-values foncières réalisées lors de la création de nouvelles infrastructures pourraient être ponctionnées.


Une «culture des grands projets» qui néglige l’entretien des infrastructures

Le rapport de l’Institut Montaigne salue la «culture des grands projets» de la France, qui lui a permis de construire des infrastructures et services de transport très compétitifs sur le plan international. Avec 30.000 kilomètres de voies ferrées (dont 1800 km à grande vitesse) et plus d’un million de kilomètres de routes (dont 11.000 d’autoroutes), l’Hexagone bénéficie d’un «atout incontestable». Un atout qui est pourtant menacé. «Les investissements dans la maintenance et la modernisation des réseaux existants ont été négligés», déplore François Goulard. Dans les chemins de fer, les dépenses de renouvellement des voies ont été divisées par deux à partir des années 1990. Résultat: 20% du réseau ne serait plus à niveau, selon le rapport. Un constat qui vaut également pour le réseau routier. «Les routes nationales et départementales, qui sont pourtant utilisées quotidiennement par 82% des Français, sont insuffisamment entretenues», relève l’ancien secrétaire d’État. Les départements ont consacré à cet entretien 1 milliard d’euros de moins en 2012 qu’en 2009. «L’état des routes en France deviendra un problème grave d’ici moins de dix ans», prédit le coordinateur du rapport.
 
Bref , c’est un préliminaire à l’annonce de l’abandon d’une partie du réseau !
Il y a un excellent article dans La Vie Du Rail magazine qui parle des conséquences .

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