Les Echos / La SNCF tire le signal d’alarme pour la sécurité sur le réseau ferroviaire

Je lis souvent des gens sur ce blog qui redoutent un accident ferroviaire grave. Il y a en effet tout lieu d’être prudent et donc d’être en possession d’un titre de transport valable pour être assuré…

A.D.

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Les Echos 31/01/2011 : La SNCF tire le signal d’alarme pour la sécurité sur le réseau ferroviaire

Dans une lettre au gouvernement, la compagnie ferroviaire s’inquiète des «zones de flou» dans le système de gestion de la sécurité. La tendance est à la hausse des incidents depuis quelques années.

Faut-il s’inquiéter pour la sécurité des trains roulant sur les rails français? A lire une lettre récente envoyée aux pouvoirs publics par Guillaume Pepy, le président de la SNCF, l’interrogation est légitime. Dans ce courrier du 12 novembre adressé à celui qui était alors encore secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau, le dirigeant fait part de ses «préoccupations» quant au «management de la sécurité ferroviaire dans [le] pays». Il existe ainsi «des zones de flou dans le système français de gestion de la sécurité ferroviaire qui constituent à l’évidence des facteurs de risque qu’il convient de traiter», écrit-il dans ce courrier dont «Les Echos» ont obtenu une copie.

Cette dégradation de la situation tiendrait à la profonde mutation du paysage ferroviaire hexagonal. Il n’y a encore pas si longtemps, la SNCF faisait la pluie et le beau temps en France, que ce soit sur l’exploitation, la gestion de l’infrastructure ou encore la sécurité. Avec l’ouverture progressive à la concurrence, les acteurs se multiplient: RFF (Réseau Ferré de France) est devenu le gestionnaire des rails, l’EPSF (Etablissement public de sécurité ferroviaire) s’occupe de la sécurité et de nouveaux exploitants privés arrivent petit à petit. Cette profusion entraînerait une dilution des responsabilités, à en croire la compagnie ferroviaire.

Une «position en retrait» des services de l’Etat

«Le rôle d' »architecte » de la sécurité ferroviaire antérieurement exercé par la SNCF n’a été qu’incomplètement repris dans le cadre actuel», explique ainsi Guillaume Pepy. Le patron du groupe public estime que «les services de l’Etat auxquels incombe désormais ce rôle [d’architecte] ont adopté une position en retrait, se contentant de définir des obligations de résultat pour chacun des acteurs du système sans aller suffisamment loin dans les prescriptions afin d’éviter de possibles discordances».

En clair, on diminuerait le niveau global de sécurité en laissant chaque acteur gérer le problème sur son seul périmètre. Une façon de reprendre l’adage «quand tout le monde est responsable, personne n’est responsable». Le président de la compagnie ferroviaire appelle donc l’Etat à prendre ses responsabilités, ou bien à donner pleinement ce rôle de coordinateur à l’EPSF.

Cette multiplication des acteurs compliquerait aussi la donne pour le cycle du retour d’expérience. Après chaque incident, une telle procédure est lancée afin d’identifier le problème à l’origine de l’accident et de trouver ensuite des solutions. Or Guillaume Pepy déplore un retour d’expérience devenu «plus complexe, moins riche et moins réactif».

Hausse continue des «événements critiques»

Ce constat est fait par de nombreux cheminots. « Après les graves accidents de la gare de Lyon et de Melun il y a vingt ans, nous avions mis en place un nouveau système de contrôle de la vitesse des trains (KVB). Aujourd’hui, il faudrait réaliser un parcours du combattant et obtenir l’accord de l’Etat, de RFF, de l’EPSF, des autres opérateurs, si bien qu’on ne serait sans doute plus capable de l’imposer», affirme ainsi un cadre de la maison. C’est la raison pour laquelle Guillaume Pepy demande là encore de remettre à plat les procédures. Le dirigeant réclame aussi que sa responsabilité pénale en tant que président de la SNCF soit clarifiée dans le contexte actuel de multiplication des acteurs.

Cette description alarmiste est-elle exagérée? Elle correspond en tout cas au constat fait par de nombreux cheminots depuis quelques mois. Les statistiques semblent d’ailleurs, elles aussi, indiquer une certaine dégradation de la situation. Les données internes à la SNCF – que «Les Echos» ont pu consulter -affichent une tendance à la hausse (près de 20%) des «événements critiques avec conséquence» depuis la fin de 2004. L’EPSF enregistre lui aussi une détérioration de ses statistiques en la matière. «La hausse continue depuis deux ans du nombre d’accidents par million de trains-kilomètres doit inciter à la vigilance», avertissait ainsi l’établissement public dans son dernier rapport publié l’an dernier.

RENAUD HONORE

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/auto-transport/actu/0201114687203-la-sncf-tire-le-signal-d-alarme-pour-la-securite-sur-le-reseau-ferroviaire.htm

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