Petit reportage sur une personne qui a utilisé le premier train privé partant de
PARIS:
LE THELLO, DIMANCHE. Malgré les efforts de la compagnie pour se donner une image
de luxe, le train est apparu comme vieillot.
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Dimanche 11 décembre. Une petite affluence trépigne au bout d'un quai de la gare
de Lyon à Paris avant d'embarquer à bord du Thello. Sous ses airs de train de
banlieue fatigué, il arbore les couleurs de la première compagnie ferroviaire
privée en France. Terminus : la gare Santa Lucia à Venise. Je m'engouffre dans
la voiture 94.
Prix du voyage : 275 pour une cabine individuelle.
19 h 45. Le train part à l'heure. Dans leur cabine, Marco et Clara sont ravis :
« On se sent un peu à l'hôtel. On a payé 288 à deux, mais ça vaut le coup. »
Antoine et Sophie ont opté pour la formule économique et partagent une cabine
avec quatre passagers pour 50 chacun. Au restaurant, le couple de Français
savoure la coupe de champagne offerte par la compagnie. Thello pourtant ne
respire pas le luxe. Le matériel est suranné et les portes couinent. Au
restaurant, les serveurs affrontent des clients mécontents. « Il y a un problème
en cuisine », s'énerve un passager. Plus tard, Albert Alday, le PDG de Thello,
installé incoginto dans la rame, avoue : « Ce wagon-restaurant était à
l'abandon, il a fallu tout remettre en ordre en un temps record. »
Des passagers privés de leur passeport
23 heures. Les passagers se sont installés pour la nuit : les couvertures sont
dépliées, les liseuses allumées. Pino et Valeria ont annexé ma « chambre ».
Impossible, en effet, d'ouvrir leur porte bloquée par les ans. Les employés
doivent me trouver une autre cabine. Plus loin, Marie, bigoudis dans les
cheveux, râle. « J'ai dû quitter ma cabine. Des gens montés à Dijon avaient
soi-disant le même billet que moi! »
Lundi, 7 heures. Je suis la première cliente du wagon-restaurant presque désert.
70 % des passagers sont descendus à Milan. Dehors, le jour pointe. J'apprends
qu'à Brescia, une halte nocturne, les policiers ont gardé les passeports de
plusieurs passagers. Les employés semblent dépassés. Soudain, j'aperçois la
lagune. A 9h45, je débarque à Venise… avec plus de trente minutes de retard.
J'atias dans la 8ème voiture d'un train court alors….